Sous la présidence de la directrice de la santé publique vétérinaire et de la législation, Dr Gisèle Paré, un atelier de lancement de la coalition pour la préservation de l’espèce asine en Afrique de l’Ouest s’est tenu ce mercredi 9 mars 2022, à Ouagadougou.

Essentiel à la survie de millions de personnes, l’âne est menacé en Afrique de l’Ouest notamment au Burkina Faso, Ghana, Mali, Niger en dépit de l’existence d’une loi qui encadre le secteur. A l’origine de la surexploitation, une forte demande en provenance de la Chine : 4,8 millions de peaux par an, destinées à produire de l’Ejiao, un produit auquel on prête des vertus cosmétiques et thérapeutiques qu’aucune évidence scientifique n’a démontré.

Le bien-être animal est intrinsèquement lié au bien-être des communautés, informe le directeur régional Brook Afrique de l’ouest

Au rythme actuel de prélèvement, le risque est grand de voir les populations asines décimées dans un court/moyen terme, privant subséquemment des communautés déjà vulnérables d’un outil essentiel à leur subsistance. Des mesures fortes sont nécessaires pour inverser cette funeste tendance. « Il est important, aujourd’hui, de nous lever et d’être un front contre cette menace qui pèse sur l’extinction de l’espèce asine mais également les moyens d’existence des communautés qui utilisent ces ânes », a signifié le directeur régional de l’ONG Brook Afrique de l’Afrique de l’Ouest, Emmanuel Bouré Sarr. En effet, sur le plan global, on estime à près de 45 millions le nombre d’ânes qui travaillent et qui contribuent aux moyens de subsistance de nombreuses communautés pauvres dans le monde. L’Afrique abrite 30% des effectifs mondiaux.

Dans une quête de solutions et de synergies sous régionales, Brook Afrique de l’Ouest a posé plusieurs actes visant à éradiquer le commerce illégal d’ânes dont la plus importante concerne la mise en place d’une coalition. Cette coalition est composée d’organisations de la société civile notamment les APIL et INADES formation Burkina, le RBM, le ROPPA, APESS y compris Brook Afrique de l’Ouest. Des organisations du Ghana (GAPNET et DONYAEPA) et des partenaires du Mali ont également associé leurs images.

L’atelier de ce 9 mars 2022 consacre le lancement officiel de cette coalition. Il s’est agi au cours de cette rencontre de partager la note conceptuelle et la lettre d’intention de la coalition avec les membres. Ensemble, ils ont défini un plan d’actions pour lutter contre l’exploitation des asins.

Le coordonnateur de APIL

Il s’agit essentiellement des actions de plaidoyer. « Nous allons mener des actions ciblées en direction des gouvernements notamment les Etats pour qu’ils développent des arrêtés d’interdiction ou, à défaut, prendre des mesures pour stopper ce trafic surtout le trafic illégal des peaux d’âne au niveau des frontières. Nous allons également saisir certaines organisations communautaires telles que la CEDEAO et l’UEMOA pour demander que ce commerce soit stoppé en Afrique », a souligné M. Sarr.

La lutte pour la préservation de l’espèce asine passera également par l’implication des organisations socioprofessionnelles, les organisations non gouvernementales et la conscientisation des communautés propriétaires et utilisatrices de ces animaux, la société civile etc. Les ânes, si nous les perdons, a fait remarquer le directeur régional, nous allons contribuer à appauvrir des communautés.

La directrice de la santé publique vétérinaire et de la législation, Dr Gisèle Paré, a salué cette initiative qui va contribuer à préserver les espèces asines. « Le ministère a adopté en 2016, un décret pour interdire l’exportation des ânes. Malheureusement, ce décret est déjà dépassé et nous, nous rendons compte que seul on ne peut pas. Donc, cette coalition est la bienvenue. Nous espérons quelle pourra mettre fin au trafic des ânes », a déclaré Mme Paré.

L’ONG APIL est au cœur de cette coalition. Aux dires du coordonnateur Abdoulaye Ouédraogo, cet atelier est l’aboutissement d’un travail de cinq ans. « Nous avons travaillé au niveau des régions du Plateau-central et du Centre-nord notamment avec INADES formation et l’ONG APIL pour conscientiser les populations et particulièrement les propriétaires d’asins sur l’utilité et la contribution économique de l’âne dans les ménages mais aussi sur le système de santé animale et avoir plus de compassion dans la gestion de l’âne », a-t-il résumé.

Aïssata Laure G. Sidibé


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